Le 8 décembre 2021 est signé par une dizaine d’associations professionnelles de l’immobilier et de l’environnement de travail un accord en vue de mettre en place l’Alliance Immobilière pour la convergence numérique (AICN)[1]. L’objectif est « de définir une liste de données et de métadonnées permettant l’élaboration d’un référentiel tout à la fois clair, logique, précis et évolutif ». Ce référentiel doit permettre la construction de jumeaux numériques facilitant la gestion de l’exploitation des espaces de travail, représentant en moyenne 75% du coût global d’un immeuble de bureaux[2].

La notion de  jumeau numérique apparaît pour la première fois dans une intervention de Michael Grieves en 2002[3]. Elle peut être définie comme un modèle numérique d’un actif qui permet d’anticiper au mieux les actions à venir sur l’actif physique (assemblage, maintenance, modifications, etc.). Ce modèle numérique est alimenté par des informations issues de l’actif physique et/ou de son environnement ce qui lui permet d’être « plus intelligent » qu’un modèle numérique traditionnel[4].

Comment la création d’un jumeau numérique des espaces de travail permet-elle de mieux saisir les enjeux réels des professionnels de l’immobilier et de l’environnement de travail ?

Le jumeau numérique plus qu’une simple simulation

Le Digital Twin Consortium[5] définit le jumeau numérique comme une représentation virtuelle d’entités et de processus du monde réel, synchronisée à une fréquence et une fidélité spécifiques.

  • Les systèmes de jumeaux numériques transforment les entreprises en accélérant la compréhension globale, la prise de décision optimale et les actions efficaces.
  • Ils utilisent des données historiques et en temps réel pour représenter le passé, le présent et simuler les futurs envisagés.
  • Les jumeaux numériques sont motivés par les résultats, adaptés aux cas d’usage, alimentés par intégration, construits sur des données, guidés par la connaissance et mis en œuvre dans des systèmes informatiques et télématiques.

Plus qu’une simple simulation, le jumeaux numérique ne se contente pas d’exploiter une des informations inertes et de couvrir un ou plusieurs domaines fonctionnels. Il est le résultat de la concaténation de simulation — potentiellement par domaine fonctionnel — et de l’usage de données vivantes, produites au cours du temps ; c’est ainsi un outil particulièrement complet et utile.

L’exemple, ci-dessous, illustre le fonctionnement d’un jumeau numérique du corps humain, utilisé dans le domaine de la santé[6]. À gauche le modèle physique, composé de tous ses éléments biologiques ; à droite le jumeau numérique avec ses fonctions : diagnostic, pronostic, optimisation de thérapie. Au centre, les données issues du modèle physique ainsi que les modèles intermédiaires (dépendant de l’approche souhaitée) qui viennent alimenter le jumeau numérique.

Les jumeaux numériques dans la gestion des espaces de travail

Créer un jumeau numérique personnalisé (traduit de l’anglais)

Les jumeaux numériques sont déjà utilisés dans de divers domaines comme la santé, l’automobile et plus largement la manufacture. Son usage se développe de plus en plus dans le domaine de la construction, notamment pour des ouvrages spécifiques tels que des voies ferrées souterraines ou des centrales nucléaires.

L’usage de jumeaux numériques dans l’immobilier d’entreprises et l’environnement de travail

Autodesk est un des membres fondateurs du Digital Twin Consortium, son Vice-Président AEC Strategy, Nicolas Mangon, estimait la démocratisation des jumeaux numériques dans la construction à 5 ans (2027) lors des Rencontres des Jumeaux Numériques d’avril 2022[7]. L’entreprise propose déjà une échelle de maturité du jumeau numérique en 5 niveaux[8], allant de la simple représentation (maquette numérique par exemple) au jumeau numérique autonome, capable d’apprendre et de prendre des décisions grâce aux données transmises depuis l’actif physique.

Dans l’immobilier, le jumeau numérique apparaît comme une solution dans la gestion du coût global d’un immeuble ainsi que dans la prise en compte du Product Lifecycle Management (PLM)[9]. Il permet pour la maîtrise d’ouvrage de faciliter la prise de décision dans la gestion de son actif, en centralisant l’ensemble des informations utiles et en permettant une prise de décision facilitée. Cet outil est obtenu à l’issue d’un processus BIM et d’une spécification des informations attendues dans la maquette du Dossier des Ouvrages Exécutés (DOE) d’un actif.

Pour conclure

Le jumeau numérique apparaît comme une solution pertinente pour optimiser l’usage des espaces de travail, il permet de suivre en temps réel l’exploitation du bâtiment. Les outils développés par Waitack sont conçus pour s’interfacer avec les modèles de nos clients et proposer nos propres simulations d’aménagement en fonction de toutes les contraintes mais aussi de toutes les données de nos clients. Nous pouvons vous accompagner avec nos partenaires pour définir avec vous la meilleure stratégie de déploiement de jumeau numérique de vos projets immobiliers tertiaires.

Waitack s’inscrit ainsi dès à présent dans l’usage de cet outil de travail et améliore ses modèles en vue de fournir dans le futur un jumeau numérique autonome des espaces de travail, qui pourra proposer de lui-même des actions et des simulations à nos clients, pour améliorer leurs espaces de travail en fonction des données qu’il recevra de l’actif physique.

[1] https://www.arseg.asso.fr/news/larseg-signe-lalliance-immobiliere-pour-la-convergence-numerique
[2] Jean-Jacques Navarro et Jean-Marie Galibourg, Ouvrages publics et coût global : une approche actuelle pour les constructions publiques, Mission interministérielle pour la qualité des constructions publiques, Guide (La Défense, 2006).
[3] Michael W. Grieves, « Product Lifecycle Management: The New Paradigm for Enterprises », International Journal of Product Development 2, no 1/2 (2005): 71-84.
[4] Michael Grieves et John Vickers, « Digital Twin: Mitigating Unpredictable, Undesirable Emergent Behavior in Complex Systems », in Transdisciplinary Perspectives on Complex Systems: New Findings and Approaches, éd. par Franz-Josef Kahlen, Shannon Flumerfelt, et Anabela Alves (Cham: Springer International Publishing, 2017), 85-113.
[5] https://www.digitaltwinconsortium.org/initiatives/the-definition-of-a-digital-twin.htm
[6] Laubenbacher, Reinhard, et al. « Using Digital Twins in Viral Infection ». Science, vol. 371, no 6534, mars 2021, p. 1105-06. DOI.org (Crossref), https://doi.org/10.1126/science.abf3370
[7] Nicolas Mangon, « Accélération de la transformation digitale, l’industrie de l’AEC en pleine mutation » (BIM World, Paris, 2022).
[8] https://www.autodesk.com/solutions/digital-twin/architecture-engineering-construction
[9] Désigne l’ensemble des solutions et logiciels permettant la gestion du cycle de vie d’un produit.

Ingénieur de formation et spécialisé dans le BIM, Maxime participe à améliorer les méthodes de travail des space-planers/ architectes d’intérieur au cours de son alternance à CDB. Il intègre ensuite Waitack, où il devient chef de projet et expert BIM. Maximel intervient auprès de nos client.es, en les accompagnant dans la définition de leur besoin et la réalisation de leur projet : analyses de bâtiment, faisabilités et plans de macro et micro zoning.

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